Dans l’Église orthodoxe, comme dans toutes les Églises orientales, le texte de la Septante (LXX) reste encore en usage dans les
célébrations. Ceci est valable surtout pour le Psautier qui, à côté
des Évangiles, représente le livre le plus utilisé des Saintes Écritures. Malgré l’existence de traductions de la Bible faites à partir
de l’original hébreu, le Psautier contenu dans ces dernières n’a
jamais fait l’objet d’une réception unanime dans les célébrations.
Ainsi, en grec ou en traductions établies à partir du texte grec, les
psaumes de la LXX sont toujours récités et chantés lors des offices
liturgiques, priés et médités en privé par les fidèles1. Cette préférence est vue dans l’orthodoxie comme l’expression de sa fidélité à ce qu’elle appelle la Sainte Tradition.
Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Psautier de
la LXX concerne aussi les catholiques et les protestants, bien que les
psaumes utilisés dans les célébrations soient en règle générale
basés sur le «texte massorétique» (TM). En effet, le Psautier de la
LXX a été employé dans la liturgie latine romaine jusqu’au siècle
dernier par le biais de la Vulgate. Quant aux traductions bibliques
contemporaines, elles se réfèrent au texte de la LXX lorsque le
texte hébreu des psaumes présente des difficultés, par exemple
un mot ou une forme incompréhensible ou énigmatique2.
Une présentation du Psautier de la LXX s’avère donc importante pour le comprendre dans son originalité et dans ses divergences
avec celui de la Bible hébraïque, et pour connaître également les
principales particularités du Psautier orthodoxe.
1. L’édition critique d’Alfred Rahlfs
Le texte grec du Psautier de la LXX a été transmis à travers
d’innombrables manuscrits et la liste même des témoins du Ier
millénaire comporte des centaines de textes. Bien qu’il existe une
telle quantité de témoins, on ne trouve guère de traces du texte
du Psautier avant l’ère chrétienne et il n’existe que peu de fragments datant d’avant le IVe s.3 Parmi les plus anciens manuscrits chrétiens de la LXX, il y a les fameux codex Vaticanus (IVe s.), Si-
naïticus (IVe s.) et Alexandrinus (Ve s.). Cependant, seul le Sinaïticus
nous offre le texte complet du Psautier.
Psalmi cum Odis, le Xe volume de la Göttingen Septuaginta,
constitue l’édition critique manuelle des psaumes. Publiée pour
la Ière fois en 1931 par Alfred Rahlfs (1865-1935), elle fut rééditée
en 1967 et 1979. Le même texte est reproduit dans l’édition critique
la plus accessible de la LXX, Septuaginta de A. Rahlfs (Stuttgart
1935, 19792), révisée et corrigée par Robert Hanhart en 2006. L’auteur
y distingue six familles de textes selon la provenance des manuscrits de référence: 1) le texte de Basse-Égypte; 2) le texte de
Haute-Égypte; 3) le texte occidental; 4) le texte origénien; 5) le
texte lucianique; 6) des textes mélangés et inclassables.
La recherche a beaucoup évolué depuis 1931 et le nombre de
témoins est plus important aujourd’hui4. En effet, le nombre total
de témoins cités par Rahlfs est de seulement 59 manuscrits grecs
et 5 versions filles (Bo, Ga, La, Sa, Sy). De plus, en dehors de six de
ces manuscrits (א, B, R, S, 1219, 55), les autres sont présents de
manière très fragmentaire, certains contenant à peine plus d’un
verset.
En ce qui concerne les témoins patristiques, Rahlfs affirme qu’il
n’y a que quatre auteurs qu’il a complètement comparés: Augustin
(Commentaire des Psaumes), Hésychius de Jérusalem (Commentaire
des Psaumes), Jérôme (La lettre aux goths Sunnia et Fretela) et Théodoret
de Cyr (Commentaire des Psaumes). A ceux-ci, il ajoute de temps
en temps quinze autres auteurs, souvent à partir des meilleures
éditions à sa disposition, mais quelquefois directement à partir
des manuscrits5.
Enfin, Rahlfs encadre parfois entre crochets des mots ou des
parties de texte qui, selon lui, ne peuvent être considérés comme authentiques malgré un large soutien dans les traditions textuelles (cf. Ps 13,3; 17,20; 24,14; 37,21; 65,1; 70,21). Ainsi, une meilleure
édition critique des psaumes de la LXX reste encore à venir!
Le Psautier liturgique orthodoxe quant à lui repose sur le texte
dit «lucianique», c’est-à-dire la révision de la LXX faite par Lucien
d’Antioche (prêtre et martyr du IIIe s.) à partir de l’hébreu et
d’autres traductions grecques. D’après Rahlfs, les citations et les
commentaires des psaumes que l’on trouve chez Jérôme, Théodoret de Cyr et Jean Chrysostome suivent cette révision, ce qui atteste
de sa large utilisation dans l’Église d’Orient à cette époque. Néanmoins, au fil des manuscrits byzantins, ce texte nous est parvenu
assez corrompu.
Á présent, en langue liturgique (grec ancien, slavon, vieux
géorgien) ou vernaculaire (roumain, serbe, français, anglais, fin-
landais, japonais), le Psautier orthodoxe reproduit l’un de ces trois
textes: 1) celui de la Bible de l’Église grecque réalisée par Panagiotis
Bratsiotis en 1937; 2) celui de la Bible de la LXX publiée à Moscou
en 1821 avec la bénédiction du Saint Synode de l’Église Russe et
utilisée depuis par les moines du Mont Athos; 3) celui de la Bible
slavonne réalisée entre 1751-1756 à Saint Petersbourg sous le règne
de l’impératrice Élisabeth6.
En français il existe deux traductions: celle du Père Placide Deseille, Les Psaumes: prières de l’Église. Le psautier des Septante (Athènes,
Tinos, 1999) et celle de Delphine Weulersse (moniale Anastasia),
Psautier liturgique orthodoxe version de la Septante (Paris, Le Cerf,
2007).
2. La double numérotation
Dans les Psautiers orthodoxes, les psaumes sont numérotés
selon la LXX. Les éditions protestantes suivent, quant à elles, la
division propre à la Bible hébraïque. Quant aux Psautiers catholiques actuels, leur traduction est faite à partir du TM, mais on a
souvent une double numérotation: le premier nombre est celui
issu de l’usage de la Vulgate (et donc de la LXX) et le second,
disposé entre parenthèses, correspond au TM. Même si en fin de
compte les deux collections, grecque et hébraïque, présentent les
150 psaumes dans le même ordre, chacune les divise ou les re-
groupe de façon un peu différente. Ceci s’explique par le fait que
tant dans la tradition juive que dans l’Église ancienne, le nombre et
le découpage des psaumes ait fait l’objet de nombreuses variations.
En ce qui concerne la version hébraïque, nous savons d’après
les sources rabbiniques que les différences dans la division et la
combinaison des psaumes ont perduré très longtemps. En voici
quelques exemples:
- Le Talmud de Babylone parle à un moment d’un Psautier
avec un Alléluia écrit en plein milieu d’un psaume, c’est-à-dire, avec
deux psaumes Alléluia fusionnés (cf. Pessahim 117a).
- Un ensemble de 147 psaumes, correspondant aux années du
patriarche Jacob (cf. Gn 47,28), est connu dans certains manuscrits7.
- Dans la Genizah du Caire (dépôt de manuscrits dont les plus anciens remontent au IXe s. de notre ère) il existe un psautier
de 149 psaumes; c’est également le cas du Codex de Léningrad
(1008-1009) et des Bibles de Brescia (1494) et Naples (1491-1494)8.
Un tel nombre est connu par Shmuel ha-Nagid (993-1055), poète,
grammairien, chef des juifs en terre espagnole et vizir de Gre-
nade, qui a écrit pour cela un poème de 149 lignes9.
- Il existe aussi des Psautiers de 148, 151, 159 et même 170
psaumes10.
Dans tous ces cas, la modification ne semble pas être dans le
contenu mais dans la division et la combinaison des unités psalmiques. Ceci nous montre que le contenu et l’ordre étaient fixes,
même si la numérotation ne l’était pas.
En effet, dans les anciens manuscrits hébreux, seuls les psaumes
pourvus d’un titre permettaient des subdivisions claires. Dans
les manuscrits découverts à Qumran le texte est écrit en prose
sans aucune séparation11. Les codex médiévaux d’Alep (910-930)
et de Leningrad se contentent de les distinguer par un alinéa12.
Jusqu’à la fin du XVe s. environ, les psaumes du Psautier
hébreu étaient cités par les numéros attribués dans la LXX, division
également identique aux versions latines en usage13. Nous ne
savons pas précisément quand la LXX a assigné un numéro d’ordre
aux psaumes, mais cela semble très ancien. De toute façon, depuis
la fin du XVe s., les deux numérotations ont quelques différences:
Hébreu (TM)
|
Grec (LXX)
|
1-8
9 10 11–113 114 115 116,1-9 116,10-19 117–146 147,1-11 147,12-20 148–150 |
1-8
9,1-21
9,22-39
10–112
113,1-8
113,9-26
114
115 116–145 146 147 148–150 |
Les Ps 9-10 sont comptés pour un seul dans la LXX. La majo-
rité des spécialistes considère qu’ils forment une composition
unique, de structure alphabétique, qui aurait été divisée après coup
afin de dissocier l’action de grâce de la lamentation. On conclura
qu’ici c’est la LXX qui a raison de maintenir l’unité.
Quant aux Ps 114-115, la situation est plus complexe. Nous
pouvons distinguer au moins trois positions:
- La Ière est suivie par l’actuelle édition de la Biblia Hebraica Stuttgartensia: le Ps 115 commence après le verset 8 du Ps 114. Elle est
attestée dans les premières éditions de la Bible hébraïque qui numérotent les psaumes: la Bible de Brescia (1494), la Bible de Félix
de Prato (1515) et la Bible de Ben Hayim (1525). La tradition de
commencer le Ps 115 après le verset 8 du Ps 114, par «Non pas à
nous» semble venir de Babylonie. En effet, l’usage liturgique du
Hallel (prière composée des Ps 113-118) dans le Seder pascal (repas
pascal juif) aurait influencé certains copistes juifs de diviser le Ps
114 en deux psaumes14.
- La IIème se trouve dans la liste des sections du livre des Psaumes découverte parmi les fragments de la Genizah de Caire. Le
Ps 115 n’y est pas séparé du psaume précédent par une nouvelle
section. Les Codex d’Alep, de Leningrad et de Cambridge ne distinguent pas non plus dans leur mise en page les Ps 114 et 115.
Cette position est appuyée par la structure du Midrash Tehillim:
on y traite le Ps 114,1 à 3, puis le Ps 116,1 à 16, en omettant le Ps
115,115.
- La IIIème est attestée par la version copte sahidique des psaumes (qui dépend de la LXX): le Ps 113 LXX (114-115 TM) y est divisé en deux après le verset 11. Au IIIe s. Origène (185-253) a pu
constater cette division dans certains manuscrits grecs: il y avait un
Alléluia après le verset 11, divisant ainsi le Ps 113. Origène, constatant que les manuscrits hébreux auxquels il avait accès main-
tenaient l’unité de cet ensemble, n’a pas retenu cette position. Elle
est encore attestée par le papyrus Bodmer XXIV daté du IIIe-IVe s. et
contenant dans ses 42 feuilles les Ps 17,45–118,4416.
Cette divergence dans les manières de diviser les Ps 114-115
dans la tradition manuscrite ne pourrait-elle constituer un argu-
ment en faveur de leur unité primitive telle que transmise par la
LXX?
3. Le psaume 151
Á la fin du Psautier liturgique orthodoxe on trouve un psaume
supplémentaire qu’on a pris l’habitude d’appeler le Ps 151. Con-
sidéré comme «non-canonique», il est accompagné de la mention:
«Ce psaume n’est jamais lu à l’Église». Selon Natalio Fernández-
Marcos il fut écrit directement en hébreu, en Judée entre le IIIe et le
Ier s. av. J.C. environ17. L’original hébreu, exclu du TM, est conservé
en grec dans une version abrégée et remaniée qu’on trouve dans
les trois codex: Sinaïticus (IVe s.), Vaticanus (Ve s.) et Alexandrinus
(Ve s.)18. On sait depuis 1759 que ce psaume «hors numérotation»
(ἔξω τοῦ ἀριθμοῦ selon Athanase d’Alexandrie, Lettre à Marcellinus
14 et 25) existe également en langue syriaque dans la Peshitta; il y est le premier des 5 psaumes supplémentaires qu’offre cette
dernière (Ps 151-55, appelés «Psaumes apocryphes de David»)19.
En 1956, une version développée du psaume a été trouvée en
hébreu dans la grotte 11 de Qumrân (11Q5, colonne XXVIII). Dans
ce rouleau – contenant des psaumes et des extraits de psaumes,
canoniques et extra-canoniques, et datant des années 30-50 ap.
J.C. –, le Ps 151 de la LXX correspond à deux compositions diffé-
rentes numérotées 151A et 151B20. Le Ps 151 se retrouve également
sous ce numéro dans des traductions latines la Vetus Latina et la
Vulgate, ainsi que dans au moins quatre versions orientales du Psau-
tier: copte, éthiopienne, arménienne et géorgienne. Il est omis dans
la plupart des Psautiers latins à partir du XIIIe s.
4. Les titres des psaumes
Dans la LXX, quasiment tous les psaumes sont précédés d’un
titre. Certains viennent du texte hébreu, d’autres sont originaux.
En hébreu, leur sens exact est parfois obscur d’où la grande diversité de traduction d’une version à l’autre. Selon Gilles Dorival, il
y a deux types d’écarts qui séparent les titres de la LXX de ceux du
TM: les uns sont quantitatifs (le nombre de mots est plus grand
en hébreu ou, le plus souvent, en grec) et les autres sont qualitatifs
(les titres contiennent le même nombre de mots, mais leur signification est différente)21.
Commençons par les différences quantitatives. En comparant
les deux textes, on constate: 1) absence conjointe de titres: Ps 1-2; 2)
titres identiques quantitativement: 109 psaumes sur 150; 3) titres
présents en TM, absents dans la LXX: 0; 4) titres présents dans la LXX, mais absents du TM: 21; 5) titres plus longs dans la LXX
que dans le TM: 18 psaumes [ou 17 si l’on ne retient pas le Ps 29
(30) selon le Vaticanus]; 6) titres plus longs en hébreu qu’en grec:
Ps 121 (122) et 123 (124) intitulés «cantiques des degrés» et où le
TM offre en plus «à David», précision absente dans la plupart
des manuscrits de la LXX; 7) psaumes sans titre: 34 dans le TM
et 2 dans la LXX (Ps 1–2). Au total, il y a ainsi une quarantaine
d’écarts quantitatifs; plus d’un titre sur quatre est différent dans
les deux traditions textuelles.
Quant aux écarts qualitatifs, prenons l’exemple d’une indication courante dans les titres des psaumes du TM, dont le sens
reste assez obscur: ַל ְמ ַנ ֵצּ ַח , expression qui revient 55 fois. Elle est
souvent traduite par «du chef de cœur» ou «du maître du cœur».
La LXX nous offre par contre l’indication εἰς τὸ τέλος («pour la
fin»), ce que traduit l’hébreu ָל ֶנ ַצח . De leur côté, les trois an-
ciennes révisions juives de la LXX proposent différentes indications de lecture: Aquila a τῷ νικοποιῷ («à celui qui fait victo-
rieux»), Symmaque a ἐπινίκιος (sous-entendu «chant [ὕμνος]
de victoire») et Théodotion a εἰς τὸ νῖκος («pour la victoire»). Les
trois ont attaché le sens de למנצח non pas au verbe ָנ ַצח (être brillant, être perpétuel, être victorieux), mais au nom ֵנ ַצח (éclat, vic-
toire, perpétuité, éternité). La version latine des psaumes tra-
duite par Jérôme à partir de l’hébreu va dans le même sens: vic-
ְל ַשׁ ָבּ ָחא tori et pro victoria. Le Targum des Psaumes dit seulement
(«pour psalmodier»).
Or, la tradition des Sages connaissait ces deux possibilités de
lecture, comme le montre à cet égard le commentaire midrashique du Ps 24: «nos maîtres enseignent: s’il y a „lamnaṣṣēah
avec instrument à cordes”, cela introduit un psaume qui ,) ַל ְמ ַנ ֵצּ ַח(
traite du temps à venir» (Midrash Tehillim 24 § 3). La Ière partie de
l’explication repose sur ַל ְמ ַנ ֵצּ ַח du TM, tandis que la fin du texte
suppose l’existence de la forme ָל ֶנ ַצח . Une interprétation semblable se trouve dans le commentaire au titre du Ps 12: «Dans les
jours du Messie, cependant, il aura huit cordes sur la harpe, comme
il est dit: „lamnaṣṣēah (ַל ְמ ַנ ֵצּ ַח ), avec instruments à huit cordes”»
(Midrash Tehillim 81 § 3). Ou encore dans l’enseignement de R.
Joshua: «[Les psaumes introduits par ִניצּוּ ַח [victoire] et ׅנגּוּן [mélodie]
se réfèrent au temps à venir» (Talmud de Babylon, Pessahim 117a).
Le TM est donc le reflet d’une perception des titres comme
indications musicales – ce qui est habituel dans le judaïsme médiéval et dans l’exégèse biblique moderne. Cela apparaît déjà chez
Symmaque et dans le Targum. Par contre, chez Théodotion et
Aquila, la «victoire» en question se rapporte plutôt aux victoires
de David, d’Israël ou de Dieu. Quant au titre proposé par la LXX, il
est ici, comme dans d’autres cas, l’écho d’une interprétation juive
de type eschatologique et messianique: «pour la fin», «pour l’éternité», «pour le temps à venir». Les Pères de l’Église vont la commenter en ce sens22.
5. La date et le lieu de traduction
Traditionnellement, on considère que la traduction des psaumes a été réalisée au cours du IIe s. av. J.C. à Alexandrie (Égypte)
pour des buts liturgiques. Cependant, le conservatisme propre à
la liturgie juive a pu tout aussi bien encourager le maintien de
l’hébreu dans les synagogues d’Alexandrie. Certains spécialistes
soutiennent donc que la traduction de tout ou partie du Psautier
aurait été effectuée plus tard, au Ier s. av. J.C. et, de plus, non pas
en Égypte, mais en Palestine23.
Ces diverses hypothèses et points de vue contradictoires se
basent principalement sur l’analyse philologique du vocabulaire
des psaumes de la LXX et sur le choix de traduction de certains
mots hébreux. L’association faite dans l’étude de Dominique Bar-
thélemy entre la traduction des psaumes et la révision de la LXX
connue sous le nom de kaigé (καίγε) – une série de livres de la
Bible grecque où les traducteurs ont rendu ַגם (aussi) par καίγε
(au moins) – a constitué également un point supplémentaire dans
la discussion. Selon Barthélemy ce principe de traduction serait
le reflet d’une traduction nécessairement réalisée en Palestine vers
le Ier s. av. J.C.24
De plus, la cohérence de la méthode de traduction laisse penser
que le Psautier de la LXX doit être considéré, comme affirmé au
début du dernier siècle par Francis Woodgate Mozley25 et confirmé
plus récemment par Olivier Munnich26, comme l’œuvre d’un seul
traducteur ou d’une seule équipe de traducteurs qui ont tra-vaillé sur un Vorlage hébraïque prémassorétique proche du TM.
Le débat reste ouvert et, pour l’instant, il serait plus prudent
d’en tirer la conclusion suivante: il est difficile de déterminer la
date et le lieu de la traduction.
6. Quelques particularités du texte
De manière générale, la traduction grecque du Psautier grec
s’inspire du travail réalisé pour le Pentateuque. Elle lui emprunte
son vocabulaire ainsi que son exégèse, quitte à ajouter parfois des mots pour rendre le sens plus clair. De ce fait, elle se caractérise
par une grande fidélité à l’original hébreu, mais aussi par une créativité littéraire. Sans prétendre à l’exhaustivité, voici quelques
particularités des psaumes de la LXX par rapport à ceux du TM:
- On sent d’abord dans la LXX la nécessité de mieux adapter la
lecture des psaumes à l’usage liturgique. Ainsi, les exclamations
sont assimilées pour rendre la lecture plus cohérente. Par exemple,
le Ps 21,27(LXX) proclame: «Les pauvres mangeront et seront
rassasiés, ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent, leur cœur
vivra éternellement!» face au Ps 22,27(TM): «Les pauvres mangeront et seront rassasiés, ils loueront le Seigneur, ceux qui le
cherchent, „que vive votre cœur à jamais!”». Les noms propres de
pays, peuples ou lieux, dont le sens hébreu risquait d’être inconnu
aux lecteurs de langue grecque, sont désormais lus comme des
noms communs. Par exemple, «les bêtes du Bashân» deviennent
«les forts taureaux» (Ps 21[22TM],13), «la Philistie» devient «les
étrangers» (Ps 59[60],10); les lieux de «Mériba et Massa» deviennent «rébellion et tentation» (Ps 94[95TM],8). Parfois même,
certaines expressions jugées trop dures sont atténuées, comme
dans le Ps 7,12 où le vers: «Dieu est le juste juge, et un Dieu menaçant chaque jour», est traduit dans la LXX par: «Dieu est un
juge juste, fort et patient, n’amenant pas la colère tous les jours».
- Les traducteurs ont essayé de trouver les meilleurs équivalents grecs aux principales catégories verbales hébraïques. Ainsi,
la forme qatal du verbe hébreu (qui décrit habituellement une
action accomplie dans le passé ou dans le présent) a été traduite
par l’aoriste indicatif; la forme yiqtol (qui décrit habituellement
une action inaccomplie dans le présent ou le futur) a été traduite
ordinairement par le futur indicatif; le participe hébreu a souvent
été traduit par le présent indicatif et parfois par le participe.
Pourtant, ils ne sont pas rares les cas où la LXX emploie un aoriste
là où le TM a un yiqtol, ce qui entraîne des conséquences importantes pour la compréhension des psaumes. Grâce à l’aoriste, qui
situe l’action à un moment indéterminé du passé, la LXX décrit
comme réalisés les événements qui dans le TM se déroulent
dans le présent ou le futur. Par exemple, le Ps 54(55TM),17 dit:
«J’ai crié vers Dieu, et le Seigneur m’a exaucé», face au texte hébreu
correspondant: «je crie/je crierai [...] me sauve/me sauvera». Ainsi, en grec la prière du psalmiste reçoit déjà son accomplissement et
constitue dans le même temps un signe d’espérance future.
- La LXX insiste plus que le texte hébreu sur certains thèmes
très chers au judaïsme postexilique. La clarification de la doctrine
de la rétribution/punition future conduit à accentuer le caractère
moralisateur des psaumes, d’où la variante du Ps 88(89TM),11a:
«Tu as humilié l’orgueilleux, tu l’as blessé à mort» face à l’hébreu:
«C’est toi qui as écrasé le cadavre de Rahav». On trouve aussi
des développements dans le domaine de l’angélologie, comme
dans le Ps 96(97TM),7c: «Adorez-le, tous ses anges!» face à l’hébreu:
«Prosternez-vous devant lui, tous les dieux!»; ou de la démonologie, comme dans le Ps 95(96TM),5a: «Car tous les dieux des
nations sont des démons» face à l’hébreu: «Car tous les dieux
des nations sont des vanités». Enfin, le salut et le jugement ont un
caractère messianique et eschatologique, tel qu’il est exprimé dans
le Ps 15(16TM),10: «Car tu n’abandonneras pas mon âme aux enfers,
et tu ne laisseras pas ton saint voir la corruption» face à l’hébreu:
«Car tu n’abandonnes pas mon âme au shéol, tu ne donnes pas
ton fidèle voir la fosse».
- Dans quelques passages, la LXX offre un texte qui n’est pas
moins difficile que celui du TM. Lorsque les traducteurs ont été
confrontés à un texte original problématique, ils l’ont rendu, faute
de mieux, par un mot à mot inintelligible (cf. Ps 2, 11-12; 16, 14;
67, 7.15; 74, 7; 88, 13; 93, 20; 101, 24; 138, 16.20; 140, 5-6). Néanmoins, même là où la LXX semble ignorer le sens exact d’un mot
hébreu, la traduction grecque n’est en aucun cas dépourvue de
sens. Des expressions comme «libre parmi les morts» (Ps 87, 5), «du
sein, avant l’étoile du matin, je t’ai engendré» (Ps 109, 3), «je me
suis éveillé et je suis encore avec toi» (Ps 138, 18), «le Seigneur est
Dieu, et il nous est apparu» (Ps 117, 27), peuvent être fécondes dans
la mesure où elles entraînent d’autres lectures du texte. Effectivement, ces textes peu clairs ont exercé sur les exégètes chrétiens
de l’âge patristique l’attrait d’une énigme et leur ont permis d’en
proposer à leur tour des «relectures» à la lumière du mystère du
Christ.
- Enfin, une dernière particularité du Psautier de la LXX con-
cerne la présence des additions chrétiennes attestées par certains
témoins, surtout de la tradition de Haute-Égypte. Un des exemples ְיה ָוה ָמ ָל :les plus célèbres est le Ps 95(96TM),10. Là où l’hébreu dit
(«Le Seigneur règne»), quelques manuscrits de la LXX ont: ὁ
κύριος ἐβασίλευσεν ἀπὸ τοῦ ξύλου («Le Seigneur régna sur le
bois»). Sous cette forme, ce verset psalmique est cité dans l’Épître
de Barnabé (8, 5), par Justin (Dialogue avec Tryphon 73; Première
Apologie 41, 4) et par Tertullien (Contre Marcion 3, 19 et 3, 21; Contre
les Juifs 10, 11 et 13, 11). En réalité ἀπὸ τοῦ ξύλου est un ajout
chrétien au texte grec. Origène rejeta ces mots et on ne les re-
trouve plus dans les Psautiers «hexaplaires». Cependant, comme
le verset était entré sous cette forme à une date ancienne dans la
liturgie, l’ajout subsiste dans la Vetus Latina (ou «version Veille-
Latine»): Dominus regnavit a ligno27.
Le texte des psaumes dans la LXX n’est donc pas toujours
identique à celui du TM, malgré une forte similitude littéraire.
Dans certains cas, le texte hébreu de base devait être corrompu ou
bien s’écarter de ce qui deviendra le TM, ce qui explique certaines
différences. Mais cette argumentation ne suffit pas lorsqu’il faut
rendre compte des divergences plus fondamentales. C’est pour-
quoi, le Psautier de la LXX ne doit pas être considéré comme un
pur décalque d’un texte hébreu ancien. Il est aussi le témoin de la
façon dont celui-ci était compris par ses traducteurs à la lumière
de l’exégèse juive de leur temps ou de son adaptation au con-
texte hellénistique des lecteurs.
7. Dans la liturgie catholique
Vers la fin du IVe s., en Occident, la multiplicité des versions
latines – regroupées aujourd’hui sous le nom de Vetus Latina – posait
problème tant pour la lecture publique des Écritures que pour
les débats avec les Juifs ou les hérétiques. En Afrique, par exemple,
Augustin se plaint de l’excessive confusion régnant parmi les versions en usage (De Doctrina Christiana 2, 15, 22). À la base de
ces versions il y avait un texte grec de la LXX non encore révisé
par Origène et antérieur à la révision de Lucien.
En 383, le pape Damase (366-384) chargea donc son secrétaire Jérôme (347-420) de revoir dans son intégralité la traduction latine des Écritures. Celui-ci, de 384 à 390 environ, débuta
son travail par les Évangiles et par une révision rapide du Psautier
en s’appuyant sur la LXX. L’identification de cette révision est
problématique tant dans la forme que dans le contenu. Pour la
majorité des spécialistes elle ne correspond pas, comme on l’a longtemps cru, au Psautier romain en usage dans toute l’Italie jusqu’au
temps de Pie V (1566-1572), puis seulement dans la basilique Saint-
Pierre de Rome. Le Psautier romain est à ranger plutôt dans le
complexe de la Vetus Latina28.
En 386, après la mort de Damase, Jérôme se rend à Bethléem
où il continue de réviser la traduction latine des livres de l’Ancien
Testament à partir du texte grec de la LXX revue par Origène.
Un deuxième psautier naît: Psalmi iuxta LXX, appelé plus tard
Psalterium Gallicanum. Ce nom provient de son utilisation dans la
plupart des offices des monastères de la Gaule, notamment après
qu’Alcuin (732-804) l’introduisit dans sa Vulgate. Le pape Pie V
(1541-1614) l’adopte dans la liturgie romaine, puis Clément VIII
(1536-1605) l’inclut dans son édition Vulgata Sixto-Clementina
(1592). Il fut le Psautier officiel de la liturgie romaine jusqu’à la
version promulguée par Pie XII en 194529.
Á partir de 390 et jusqu’en 405, Jérôme, soucieux de l’hebraica
veritas, entreprend une traduction de l’ensemble de l’Ancien Testament à partir de l’hébreu. Sa troisième traduction du Psautier,
Psalterium iuxta Hebraeos, ne sera jamais populaire. On la trouve
aujourd’hui à côté des Psalmi iuxta LXX dans l’édition critique de référence Biblia sacra juxta vulgatam versionem, publiée en 1969
à Stuttgart et sans cesse rééditée.
Aujourd’hui, le texte officiel de la Bible latine est celui de la
Nova Vulgata. Commencée à l’initiative Paul VI (1963-1978), elle
fut promulguée par Jean-Paul II (1978-2005) en 1979. La traduction
des psaumes est une vérification de la Vulgate sixto-clémentine
à partir de l’hébreu et du grec ainsi qu’une légère harmonisation
stylistique. C’est elle qui est insérée dans les éditions de la Liturgia
Horarum.
8. Dans les traductions contemporaines
Dans les Bibles protestantes, les psaumes sont traduits à partir
du TM. C’est désormais le cas de toutes les entreprises modernes
de traduction, confessionnelles ou non. Lorsque le texte hébreu
présente une difficulté, par exemple un mot, une forme incompréhensible ou énigmatique, les traducteurs font souvent appel
à la LXX (ou à d’autres traductions anciennes faites à partir de la
LXX) afin de trouver une solution. Pour certains passages, la LXX
a en effet gardé la trace d’une lecture primitive du texte, d’où son
intérêt.
Voici quelques exemples où, dans les traductions modernes,
le TM obscur peut être corrigé d’après la LXX:
Ps 8, 2 (TM): Dieu notre Seigneur qu’il est magnifique ton
nom sur toute la terre, que tu donnes [ְתּ ָנה : verbe נתן, Qal, impératif, 2e m.sg.] ta majesté au-dessus des cieux!
Ps 8, 2 (LXX): Seigneur, notre Seigneur, comme est admirable
ton nom par toute la terre! Car ta magnificence a été élevée [ἐπήρθη:
verbe ἐπαίρω, Indicatif, aoriste passif, 3e sg.] au-dessus des cieux.
Ps 11, 7 (TM): Car Dieu est juste, il aime les choses justes,
;) ָפּ ִנים/ ָפּ ֶנה( nom m.pl : ָפ ֵנימוֹ[ l’homme ?] droit regardent ses faces[
au sg. ָפּ ָניו (sa face)].
Ps 10, 7 (LXX): Car le Seigneur est juste et il aime les actes de
justice, sa face [πρόσωπον: nom Ac. n.sg. + αὐτοῦ pron. pers. G.,
3e m.sg.] regarde la droiture.
Ps 16, 2 (TM): Tu as dit [ָא ַמ ְר ְתּ : verbe אמר , Qal, parfait, 2e f.sg.] à
Dieu: Seigneur tu es mon bien, rien au-dessous de toi.
Valorile religioase într-o societate modernă 133
Ps 15, 2 (LXX): J’ai dit [εἶπα: verbe λέγω, Indicatif, aoriste active,
1ère sg.] au Seigneur: Tu es mon Seigneur, tu n’as pas besoin de
mes biens.
Ps 22, 17 (TM): Car m’ont entouré des chiens, une bande de
malfaisants m’a cerné comme un lion [ָכּ ֲאִרי : prép. ֲאִרי + ְכּ nom
m.sg.] mes mains et mes pieds.
Ps 21, 17 (LXX): Car des chiens nombreux m’ont entouré, le
rassemblement des méchants m’a environné, ils ont percé [ὤρυξαν:
verbe ὀρύσσω, Indicatif, aoriste active, 3e pl.] mes mains et mes
pieds.
Ps 30, 13 (TM): Afin qu’il te chante une gloire [ָכּבוֹד : nom
m.sg.] et ne se taise pas [ִי ֹדּם : verbe דּמם, Qal, imparfait, 3e m.sg.];
Seigneur mon Dieu, je te rendrai grâce toujours.
Ps 29, 13 (LXX): Afin que ma [μου: pron. pers. G., 1ère sg.] gloire
te chante et que je ne sois plus affligé [κατανυγῶ: verbe κατα-
νύσσομαι, Subjonctive, aoriste passive, 1ère sg.]; Seigneur mon
Dieu, je te confesserai toujours.
Ps 110, 3 (TM): Ton peuple [des dons?] volontaires au jour de
ta vigueur avec éclats de sainteté du sein de l’aurore à toi la
rosée de tes jeunesses [ַי ְל ֻד ֶתי : nom f.pl. (ַי ְלדוּת ) + suf. pron., 2e
m.sg.].
Ps 109, 3 (LXX): Avec toi la souveraineté au jour de ta puissance,
dans les splendeurs des saints, du sein avant l’étoile du matin je
t’ai engendré [ἐξεγέννησά: verbe ἐκγεννάω, Indicatif, aoriste active, 1ère sg. + σε pron. pers. Ac., 2e sg.].
Ps 145, 13-14 (TM): (מ) Ton règne un règne de toutes les éter-
nités et ta domination sur toute génération et génération. (ס) Le
Seigneur retient tous ceux qui tombent, redresse tous ceux qui
sont courbés.
Ps 144, 13 (LXX): Ton royaume est un royaume éternel et ta
souveraineté en toute génération et génération. Le Seigneur est fidèle
dans toutes ses paroles et saint en toutes ses œuvres. [un manuscrit
de Qumran ajoute aussi à la fin du verset un vers supplémentaire, qui correspond à la lettre נ manquant dans l’ordre alphabétique hébreu].
Il est important de se rappeler que le Psautier de la LXX a été
pour longtemps le seul texte canonique de l’Église. Ce dernier
était alors lu aux catéchumènes, chanté lors de la liturgie, récité dans
la prière et traduit dans différentes langues. Du coup, l’usage
actuel du TM dans la plupart des traductions modernes ne justifie pas l’oubli ou l’abandon de la LXX, lien essentiel avec l’Église
des Apôtres et des premiers chrétiens.
Si des divergences entre les deux versions sont évidentes, elles
peuvent néanmoins s’avérer complémentaires. Le Psautier de la
LXX n’est pas une simple traduction ad verbum ou ad sensum, mais
aussi une relecture, une réécriture dans une nouvelle langue et
culture, une interprétation du texte hébreu à l’intérieur de la tra-
dition juive de l’époque? C’est d’ailleurs cette ancienne exégèse
juive qui a permis de pouvoir prier avec le Psautier dans l’Église.
REVUE:
[Théologie et Vie]
NOTES
1 Dans les paroisses orthodoxes, le Psautier est lu entièrement chaque semaine et deux fois par semaine pendant le Carême. Pour cette lecture continue, les 150 psaumes sont divisés en 20 cathismes (καθίσματα), dont chacun comprend trois parties ou stases (στάσας). Les cathismes sont répartis à différents offices, selon le temps liturgique et le jour de la semaine. En plus des psaumes qui sont
récités en entier, on retrouve des versets psalmiques à différents moments de la
Prière des heures et de la Divine Liturgie, comme les prokimena (προκείμενον)
chantés avant la lecture de l’Écriture Sainte.
2 Pour faciliter la traduction des Psaumes, à l’initiative de l’ABU, un comité
de spécialistes sous la direction de Dominique Barthélemy a cherché à diffuser et à
fournir de nombreux éléments de critique textuelle à l’usage des traducteurs.
Ainsi, dans le rapport final, publié en 2004 sous la direction d’Adrian Schenker, le
comité a pris position sur chacune des 589 difficultés principales que le TM pose
à ses traducteurs, dont certaines trouvent des solutions dans la LXX; cf. Domi-
nique Barthélemy (éd.), Critique textuelle de l’Ancien Testament. Psaumes, OBO
50/4, Göttingen - Fribourg, Academic Press, Vandenhoeck & Ruprecht, 2004
3 Parmi ceux-ci, deux codex sont particulièrement importants: le Papyrus Bodmer XXIV (R 2110), daté du IIIe-IVe s. et contenant les Ps 17,45–118,44 dans 42 feuilles, et le Papyrus Chester Beatty XIII (R 2149), du IVe s. contenant les Ps 72–88 sur quatre bifeuillets; cf. Albert Pietersma, Two Manuscripts of the Greek Psalter in the Chester Beatty Library Dublin (Anal Bib 77), Rome, Biblical Institute Press, 1978; Albert Pietersma, «The edited text of P. Bodmer XXIV», Bulletin of the American Society of Papyrologists 17 (1980) 67-79.
4 Voir à ce sujet l’article d’Albert Pietersma, «The Present State of the Cri- tical Text of the Greek Psalter», dans: Anneli Aejmelaeus, Udo Quast (éd.), Der Septuaginta-Psalter und seine Tochterübersetzungen (Mitteilungen des Septua- ginta-Unternehmens 24), Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2000, 12-32.
5 Il s’agit d’Ambroise, Barnabé, Chrysostome, Clément d’Alexandrie, Clément de Rome, Constitutions Apostoliques, Cyprien, Cyril d’Alexandria, la Didascalie des apôtres, Irénée, Justin le Martyr, Origène, Tertullien, Théodore de Mop-sueste et Théophile d’Antioche; cf. Alfred Rahlfs, Psalmi cum Odis (Septuaginta: Vetus Tes- tamentum Graecum 10), Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1931, 20-21.
Valorile religioase într-o societate modernă 119
6 Pour plus d’information sur le texte critique utilisé actuellement dans les traductions liturgiques, voir Jacques Lépissier, «La traduction vieux-slave du Psautier», Revue des études slaves 43 (1964) 59-72; Peter Galadza, «Trans-lating the „Septuagint” Psalter into English for Use in Byzantine Christian Worship: The State of the Question and Several Proposals», dans: Steven Hawkes-Teeples, Basilius Groen, Stefanos Alexopoulos (éd.), Studies on the Liturgies of the Christian East. Selected Papers from the Third International Congress of the Society of Oriental Liturgy, Volos, May 26-30, 2010 (Eastern Christian Studies 18), Leuven, Peeters Publishers, 2013, 59-100; Stefan Munteanu, «Canoniques, non- canoniques ou bons à lire? La réception des livres „deutéro-canoniques” de la Septante dans l’Église orthodoxe», Biblicum Jassyense 4 (2013), 39-62.
7 Les 147 psaumes sont obtenus en réunissant les psaumes 9 et 10, 70 et 71, 114 et 115, 117 et 118,4, tandis que le Ps 118,5-29 est tenu pour un seul; cf. Christian David Ginsburg, Introduction to the Massoretico-Critical Edition of the Hebrew Bible, Londres, The Trinitarian Bible Society, 1897, 18, 777.
8 Cf. Israel Yeivin, «The Division into Sections in the Book of Psalms», Textus 7 (1969) 76-102, 78.
9 Cf. David C. Mitchell, «Les psaumes dans le judaïsme rabbinique», Revue théologique de Louvain 36 (2005) 166-191, 167.
10 Cf. C.D. Ginsburg, Introduction to the Massoretico-Critical Edition of the Hebrew Bible, 583, 536, 725.
11 Pour une description plus détaillée du contenu de chaque manuscrit de psaumes, voir Peter W. Flint, The Dead Sea Psalms Scrolls and the Book of Psalms (STD 17), Leiden, Brill, 1997.
12 Pour les différentes façons de séparer les psaumes dans les deux codex, voir Paul Sanders, «Five Books of Psalms?», dans: Erich Zenger (éd.), The Compo- sition of the Book of Psalms (BETL 238), Leuven, Uitgeverij Peeters, 2010, 677-687.
13 Dans les Bibles latines, le Psautier restera jusqu’au XVe s. le seul livre qui n’était pas divisé en chapitres. En effet, on se référait dans les offices aux psaumes non par un numéro, mais par leurs premiers mots en latin: Beatus vir pour le Ps 1, Quare fremuerunt pour le Ps 2, Domine quid multiplicati pour le Ps 3, Cum invocarem pour le Ps 4, etc.
14 Ainsi la Ière partie du Hallel, récitée avant de boire la troisième coupe, se termine en Ps. 114,8 et la IIe partie, récitée avant de boire la quatrième coupe, commence au verset suivant, Ps. 115,1. Cette influence liturgique dans la division des Ps 114–115 se manifeste encore dans 5 mss Kennicott et 15 mss De Rossi, ainsi que dans l’édition de Brescia 1494; cf. D. Barthélemy (éd.), Critique textuelle de l’Ancien Testament. Psaumes, xxx.
15 Ce midrash est un gros recueil de gloses rabbiniques sur les psaumes qui a été compilé au fil des siècles. Les commentaires des Ps 1–118 (vers XIe s.) et les commentaires (plus tardivement) des Ps 119-150 (à l’exception des Ps 123 et 131) ont été imprimés à Constantinople (1512) par Shmuel ben David ben Nachmiash; cf. The Midrash on Psalms (Yale Judaica Series 13.2), trad. William Gordon Braude, New York, Yale University Press, 1959, 223, n. 1.
16 Dans le papyrus Bodmer XXIV, le Ps 113 (LXX) est partagé en deux: ρι̅γ (113,1-11) et ρ̅ιδ (114,12-26). A la fin du verset 11, le Ps 113 comporte le signe > pour indiquer la séparation des psaumes, puis le numéro ρ̅ιδ, puis ἁλληλουϊα; cf. Rodolphe Kasser, Michel Testuz (éd.), Papyrus Bodmer XXIV. Psaumes XVII- CXVIII (Bibliotheca Bodmeriana. Papyri 24), Cologny-Genève, Bibliotheca Bod- meriana, 1967, 20, 225.
17 Cf. Natalio Fernández-Marcos, «David the Adolescent: on Psalm 151», dans: Robert J.V. Hiebert, Claude E. Cox, Pteter J. Gentry (éd.), The Old Greek Psalter. Studies in Honor of Albert Pietersma (ISOTSup 332), Sheffield, Sheffield Academic Press, 2001, 205-217, 216.
18 La souscription du Ps 151 est dans le Vaticanus: «Le psaume autographe sur David, et en surnombre, lorsqu’il mena le combat singulier contre Goliath»; dans l’Alexandrinus: «150 psaumes de David et un autographe»; dans le Sinai- ticus: «151 psaumes de David».
19 Cf. John Strugnell, «Notes on the Text and Transmission of the Apocryphal Psalms 151, 154 (=Syr II) and 155 (= Syr III)», HTR 59 (1966) 257-281.
20 Cf. James A. Sanders, The Psalms Scroll of Qumran Cave 11 (11QPsa) (DJD 4), Oxford, The Clarendon Press, 1965, 54-64; Michael Segal, «The Literary Deve- lopment of Psalm 151: A New Look at the Septuagint Version», Textus 21 (2002) 139-158.
21 Pour cet argument, nous utilisons particulièrement l’article de Gilles Dorival, «Titres hébreux et titres grecs des psaumes», dans: Christian Amphoux, Keith J. Elliott (éd.), Textual Research on the Psalms and Gospels. Recherches textuelles sur les psaumes et les évangiles (Supplements to Novum Testamentum 142), Leiden - Boston, Brill, 2012, 3-18.
22 Cf. Albert Pietersma, «Septuagintal exegesis and the superscriptions of the Greek Psalter», dans: Peter W. Flint, Patrick D. Miller (éd.), The Book of Psalms: composition and reception (SVT 99), Leiden - Boston, Brill, 2005, 443-475, 470-471; Georg P. Braulik, «Psalter and Messiah: Towards a Christological Understanding of the Psalms in the Old Testament and the Church Fathers», dans: Dirk J. Human, Cas J. Vos (éd.), Psalms and Liturgy (JSOTSup 410), London, T&T Clark, 2004, 15-40.
23 Pour une information complète sur l’évolution de la recherche, voir Albert Pietersma, «The Place of Origin of the Old Greek Psalter», dans: Michèle P.M. Daviau, John W. Wevers, Michael Weigl, Paul-Eugène Dion (éd.), The World of the Aramaeans I: Biblical Studies in Honour of Paul-Eugène Dion (JSOTSup 325), Sheffield, Sheffield Academic Press, 2001, 252-274; Hermann-Josef Venetz, Die Quinta des Psalteriums: Ein Beitrag zur Septuaginta und Hexaplaforschung (PIRHT, Sect. Biblique et Masorétique 1:2), Hildesheim, H. A. Gerstenberg, 1974; Arie van der Kooij, «On the Place of Origin of the Old Greek of Psalms», VT 33 (1983) 67-74; Tyler F. Williams, «Towards a Date for the Old Greek Psalter», dans: Robert J.V. Hiebert, Claude E. Cox, Peter J. Gentry (éd.), The Old Greek Psalter. Studies in Honour of Albert Pietersma (JSOTSup 332), Sheffield, Sheffield Academic Press, 2001, 248-276.
24 Cf. Dominique Barthélemy, Les devanciers d’Aquila: première publication intégrale du texte des fragments du Dodécaprophéton trouvés dans le désert de Juda, précédée d’une étude sur les traductions et recensions grecques de la Bible réalisées au premier siècle de notre ère sous l’influence du rabbinat palestinien (SVT 10), Leiden, Brill, 1963. Pour le débat autour du rapport du Psautier grec avec la tradition kaigé (καίγε), voir les réflexions de Peter J. Gentry, «The Greek Psalter and the kaige Tradition: Methodological Questions», dans: Robert J.V. Hiebert, Claude E. Cox, Peter J. Gentry (éd.), The Old Greek Psalter. Studies in Honour of Albert Pietersma (JSOTSup 332), Sheffield, Sheffield Academic Press, 2001, 74-98.
25 Cf. Francis Woodgate Mozley, The Psalter of the Church: The Septuagint Psalms Compared with the Hebrew, with Various Notes, Cambridge, Cambridge Uni- versity Press, 1905, xii.
26 Cf. Olivier Munnich, «Indices d’une Septante originelle dans le Psautier grec», Biblica 63 (1982) 406-416.
27 En Occident, grâce à l’interprétation d’Augustin, Arnobe le Jeune et Cassio- dore, l’addition fut reprise dans l’usage liturgique. On la trouve dans l’Alléluia du Vendredi de Pâques: «Dites parmi les nations: Le Seigneur a régné par le bois» ou dans l’Hymne Vexilla Regis de Venance Fortunat (VIIe s.): «Il s’est accompli l’oracle de David / qui, dans son chant inspiré / disait aux nations: / Dieu a régné par le bois (Regnavit a ligno Deus)»; cf. André Rose, Les Psaumes voix du Christ et de l’Église (Bible et vie chrétienne), Paris, P. Lethielleux, 1981, 159.
28 Voir sur ce point Estin Colette, Les psautiers de Jérôme à la lumières des tra- ductions juives antérieures (Collectanea Biblica Latina XV), Rome, San Girolamo, 1984, 26.
29 En mars 1945, par le Motu proprio In cotidianis precibus, Pie XII (1876-1958) promulgue une nouvelle traduction latine, le Psalterium Pianum. Réalisée à partir du texte hébreu par une commission présidée par le futur Cardinal Au- gustin Bea (1881-1968), cette version rompt avec le latin liturgique traditionnel. Peu de communautés religieuses ou monastiques l’adoptèrent pour les offices.
***
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.